EDITORIAL. Pascale Zonszain. L’annonce n’a eu lieu que vendredi soir. Il aura donc fallu attendre la fin du Shabbat pour qu’Israël réagisse officiellement à l’analyse de Moody’s, dont Benyamin Netanyahou a choisi de ne voir que le versant positif – ou le verre à moitié plein – sur le constat de bonne santé de l’économie israélienne, tout en minimisant l’avertissement de l’agence sur la crise politique en cours.

Il faut dire que Moody’s est la première agence de notation internationale à publier un rapport sur la situation de l’économie israélienne depuis que le nouveau gouvernement a entamé début janvier son projet de réforme des institutions judiciaires.

En Israël, certains acteurs des milieux économiques et financiers avaient exprimé des réserves sur les répercussions de la réforme.

Le gouverneur de la Banque d’Israël, de retour du Forum de Davos, avait relayé à Benyamin Netanyahou les inquiétudes de banquiers et de patrons de multinationales sur les risques d’un affaiblissement des institutions.

Et on avait vu une partie du secteur de la tech israélienne vent debout contre la réforme. Cette fois, on passe donc une nouvelle étape. Celle de l’analyse de la situation par un organisme indépendant, qui fournit à ses clients, entreprises ou Etats, des évaluations périodiques sur la solvabilité des sociétés ou des économies à travers le monde.

Et les experts de Moody’s sont à la fois mesurés et catégoriques. Mesurés sur la partie risque : Moody’s maintient la note A1 accordée à Israël, mais la fait passer de « positive » à « stable ». Ce qui signifie que l’agence ne voit pas pour les mois qui viennent d’essor de l’économie israélienne, mais sans pour autant envisager une régression.

Mais l’agence est catégorique sur la cause : c’est la façon dont le gouvernement a géré la crise politique déclenchée par le projet de réforme. Ce qui va contre la position du gouvernement, qui considère au contraire que c’est la mobilisation anti-réforme qui déstabilise l’économie du pays.

Ce que dit Moody’s dans son rapport, c’est que sa nouvelle notation est « le reflet d’une détérioration de la gouvernance d’Israël, comme on l’a vu au cours des récents événements autour de la proposition de réforme du gouvernement. Alors que les manifestations de masse ont conduit le gouvernement à suspendre la législation et à rechercher le dialogue avec l’opposition, la façon dont le gouvernement a tenté de faire passer une réforme de grande ampleur sans rechercher un large consensus, indique un affaiblissement institutionnel et de prévisibilité de sa politique ».

L’agence fait référence à l’incertitude qui règne toujours puisqu’il est impossible de prédire ce qui se produira en cas d’échec du dialogue, d’autant, souligne Moody’s que le gouvernement persiste dans son intention de faire passer son projet de loi sur le mode de nomination des juges, ce qui veut dire que parallèlement, le risque de tension politique et sociale persiste également.

En revanche, l’agence de notation maintient son opinion favorable sur l’état de santé de l’économie israélienne, qui peut tout à fait se remettre de la crise si une solution satisfaisante est trouvée, au vu des tendances positives sur ses performances qui avaient d’ailleurs conduit Moody’s à décerner il y a un an la mention « positive » à Israël. C’est donc plus un avertissement qu’une décote, peut-être aussi le résultat des contacts en coulisses entrepris ces derniers jours par le Premier ministre et par le président israéliens pour convaincre les analystes de Moody’s de ne pas se montrer trop sévères dans leur notation. Mais cela devrait inciter les investisseurs étrangers ou les établissements qui prêtent de l’argent à Israël à se montrer plus vigilants pour les semaines et les mois à venir.

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Pascale Zonszain

LE 17-04-23 – 09:30